Jeune public

Depuis ses débuts, Le Plateau des Sources Rouges intervient auprès d’adolescents à travers de nombreuses créations, au sein de la Maison du Geste et de l’Image.

Au collège Paul Verlaine, en mars 2019.


« Au début, je n’ai rien vu de la France, à part des murs, des portes, des grilles, des dortoirs et des couloirs. Des gens me parlaient. Je ne comprenais pas un traître mot. On m’offrait à manger, mais je n’avais pas faim. C’est la tristesse qui fait ça, et je passais mon temps à retenir mes larmes. […] Quand tu as mal aux pieds, tu peux imaginer que ce sont les pieds de quelqu’un d’autre, évidemment. Mais, quand tu as trop de chagrin, impossible de croire que ce n’est pas ton cœur qui étouffe, là, dans ta poitrine. Alors je restais assis dans mon coin, paralysé, sans parvenir à combattre le désespoir qui me grignotait l’âme. »


« Je ne sais pas qui a inventé les frontières, si c’est Dieu, Allah ou quoi, mais je trouve que c’est une mauvaise idée.« 


Le temps a passé. J’ai eu treize ans, et je vivais toujours au foyer de Poitiers, sous la Protection de l’Aide à l’enfance. C’était le statut quo.

-Ça veut dire quoi ?

-Ça veut die que rien ne bouge, Blaise. Tu n’es ni français ni rien.

-Ok

Ce n’était pas nouveau pour moi : j’avais l’habitude d’être un fantôme. Un simple courant d’air. Brusquement, elle m’a demandé si je voulais jouer à un jeu.

-Un jeu ? Quel jeu ?

-Un concours, a répondu Prudence.

-Un concours de quoi.

Un concours de malheurs. C’est simple : chacun dit un truc malheureux qui lui est arrivé dans sa vie. Celui qui gagne, c’est celui qui a le plus de malheurs.

J’ai trouvé ça marrant. J’ai dit :

-Ok

Et on a joué. Malheur contre malheur.


Au lycée Armand Carrel, en janvier 2015.